Abonnements téléphoniques: qui est réellement gagnant, consommateur ou opérateur?

Face à la concurrence, les opérateurs sont contraints de casser toujours plus leurs prix. Une situation qui profite aux clients mais qui questionne sur les marges de ces géants des télécoms.

Les spécialistes conseillent de comparer régulièrement les offres. En l’espace de quelques décennies, le téléphone est devenu notre meilleur ami. On accorde de l’importance à son esthétisme, à sa fiabilité, à ses fonctionnalités mais rarement à l’opérateur qui nous garantira son utilisation.

Et pourtant, avec Swisscom, Sunrise et Salt qui se partagent la plus grosse part du gâteau, les prix de la téléphonie en Suisse persistent années après années parmi les plus élevés de la zone OCDE. De quoi mériter toute notre attention. Heureusement, grâce à une concurrence croissante, le vent tourne et presse ces géants des télécoms pour alléger nos factures. Mais alors, qui est le grand gagnant dans l’histoire?

Une tendance en faveur du consommateur

Avec une diminution marquée des prix d’abonnements téléphoniques, le contexte actuel est plus que jamais tourné à l’avantage du consommateur. « Les conditions d’abonnement sont restées étonnamment stables mais l’abondance de promotions a fait flancher les prix », constate Ralf Beyeler, expert chez le comparateur Moneyland.ch. Tirés vers le bas par de nouveaux acteurs, les tarifs peuvent désormais avoisiner les 55 francs pour un pack tout illimité en Suisse et à l’étranger (QoQa) voire même les 20 francs pour un forfait illimité en Suisse avec 10 Go (Lidl Connect).

Une tendance de prix à la baisse confirmée par Oliver Zadori, fondateur de dschungelkompass.ch, un autre site comparateur: « Quand j’ai lancé la plateforme en 2011, un abonnement illimité de téléphonie mobile pour la Suisse coûtait 169 francs, aujourd’hui il en vaut trois fois moins. » La raison à cela? Un marché en consolidation depuis dix ans. « Nous arrivons à saturation, les opérateurs doivent se battre pour conserver leur base de clients et aller en chercher de nouveaux chez les autres », affirme Pascal Martin, responsable du site spécialisé Scal.ch.

Le trio de tête des télécoms est unanime: « Le marché est devenu très concurrentiel, nous sommes désormais exposés à une forte guerre des prix », atteste Alicia Richon, porte-parole de Swisscom. Et pour compenser les pertes tout en gardant sa clientèle sous son aile, toutes les techniques sont bonnes. « Comme chaque client est primordial, les opérateurs conservent leurs prix élevés mais redirigent les consommateurs mécontents vers leur sous-marque pour petits budgets, type Wingo ou Yallo », ajoute Pascal Martin.

Les opérateurs ne sont pas en reste pour autant

Mais derrière cette baisse des prix avantageuse pour le consommateur, « les opérateurs continuent de se faire beaucoup d’argent sur leur dos. C’est pourquoi dans les statistiques de plaintes que nous recevons, la téléphonie se place en pole position », décrit Robin Eymann, spécialiste des télécoms à la Fédération romande des consommateurs (FRC).

En effet, la stratégie des opérateurs se base sur le comportement de la clientèle: 60% de celle-ci paie et ne pose jamais de questions tandis que les 40% restants sont attentifs aux promotions et paient deux fois moins pour le même produit. « Ce sont les clients passifs qui sponsorisent les autres. Si tout le monde changeait d’abonnement à tort et à travers les prix augmenteraient fortement », explique le spécialiste Pascal Martin.

Résultat de ce déséquilibre en faveur des opérateurs: les clients fidèles se voient désavantagés par rapport aux nouveaux arrivants. « Bien souvent ils paient trop cher alors qu’il leur suffit d’appeler leur fournisseur, les menacer de résilier leur abonnement et ils obtiendront quasi systématiquement un rabais sur leur facture », conseille l’expert en comparatifs, Oliver Zadori.

Autre service où les opérateurs se font de la marge: les abonnements combinés incluant l’achat du téléphone mobile à prix réduit. Publié en novembre, un test comparatif du site Moneyland.ch démontre qu’il est largement plus avantageux d’acheter son smartphone séparément de ses prestations de communication. Pour preuve, sur deux tiers des mobiles, l’acquisition combinée est plus onéreuse de 100 francs en moyenne par rapport à une commande en ligne de l’appareil.

Qui est le réel gagnant?

Au final, le grand gagnant est le client averti qui change régulièrement de fournisseur et optimise son abonnement. « L’opérateur s’y retrouvera toujours car la rationalisation et la numérisation de ces dernières années ont diminué ses besoins en personnel et compensé la baisse des prix. La différence pour le client c’est que pour profiter de cette désinflation il doit se démener », conclut le spécialiste des télécoms, Pascal Martin.

Source: Bilan