L’App Store a déjà dix ans

En misant sur un magasin d’applications mobiles, Steve Jobs (le fondateur d’Apple) a permis le succès de l’iPhone.

Les consommateurs ont déjà dépensé plus de 130 milliards de dollars dans des applications. Apple profite à plein du succès des éditeurs qui distribuent leurs applications auprès de ses clients.

Une révolution technologique peut en cacher une autre

Véritable carburant du succès de l’iPhone, la boutique d’applications mobiles d’Apple affiche toujours une santé flamboyante, dix ans jour pour jour après son lancement par Steve Jobs, avec le deuxième modèle de téléphones de la marque à la pomme. « Dans sa première décennie, l’App Store a surpassé toutes nos attentes les plus folles », note Phil Schiller, le directeur marketing d’Apple dans un message publié la semaine dernière sur le site d’Apple.

Au total, 170 milliards de téléchargements d’« applis » ont été effectués depuis l’App Store entre 2010 et 2018, d’après les calculs de la société d’analyse des données mobiles App Annie. Mieux encore, ce que d’aucuns décrivent comme la véritable innovation de l’iPhone est désormais  l’une des sources de revenus la plus rentable d’Apple.

30 % de commission

Maître dans le royaume au sein duquel il a invité les éditeurs à distribuer leurs applications auprès de ses nombreux clients, Apple profite à plein de leur succès. D’après App Annie, les éditeurs ont récolté plus de 130 milliards de dollars depuis 2010, via plus de 4,5 millions d’applications publiées. Sur cette somme constituée de micropaiements, Apple a prélevé la plupart du temps une commission de 30 %, qui se retrouve quasi intégralement dans ses marges.

Dans les comptes de l’entreprise dirigée par Tim Cook, les « services » (qui regroupent le chiffre d’affaires généré par la mise à disposition d’applications mais aussi celui des services Apple Music ou Apple Pay) pesaient en 2017 la bagatelle de 30 milliards de dollars. Au deuxième trimestre de cette année, les « services » ont rapporté presque autant à l’entreprise que les ventes de tablettes d’iPad et d’ordinateurs Mac!

Changement de règle de rémunération

Dès son lancement en 2008, l’App Store a connu ses premiers succès avec des applications de jeux vidéo ou de divertissement,  comme Shazam . Aujourd’hui, plus de trois applications mobiles sur quatre sont des jeux vidéo pour smartphone.  Candy Crush, hier,  et aujourd’hui Fortnite sont des phénomènes largement nourris par le fait que la boutique en ligne d’Apple – puis celle de Google, qui a imité son concurrent tient dans la poche.

Mais les applications les plus téléchargées restent des noms connus de tous, réseaux sociaux (Facebook, WhatsApp) ou plates-formes vidéo (YouTube). Les applications qui génèrent le plus de dépenses ne sont pas non plus des inconnues, de Netflix à Spotify ou Tinder.

Ces trois-là ont profité à plein  du changement de règle de rémunération des éditeurs mis en place par Apple en septembre 2016. Afin de favoriser des applications de qualité sur lesquelles les mobinautes reviennent souvent, la marque à la pomme n’applique qu’une commission de 15 % sur les dépenses des consommateurs à partir d’un an après le téléchargement.

« Nous avons alors vu un second souffle en matière de monétisation des applications », se souvient Bertrand Salord, le directeur marketing d’App Annie. Par exemple, Netflix a permis de s’abonner à son offre directement depuis son application uniquement après l’instauration de ces nouvelles règles. Loin d’être lésé par ce qui peut apparaître comme une remise, Apple a de son côté vu les dépenses sur son App Store augmenter de 50 % entre 2016 et 2017.

Position dominante

Par rapport à son concurrent Google Play (sur Android), l’App Store s’approprie les deux tiers des dépenses sur les boutiques en ligne d’applications mobiles. Mais cette position dominante au sein d’un duopole commence à faire grincer des dents.

En mars dernier, la France, par la voix de son ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a indiqué qu’il allait  assigner Apple et Google devant le tribunal de commerce de Paris pour pratique commerciale abusive , en référence au montant arbitraire des commissions. En réponse, Apple se vante d’avoir redistribué 1 milliard d’euros aux développeurs français d’applications de l’App Store.

Source: Les Échos